Champion Jack Dupree

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Le K.O. de Blues

William Thomas Dupree
dit, Dupree ( Champion Jack ) est un pianiste et chanteur de blues américain
( La Nouvelle-Orléans, Louisiane, 4 juillet 1910 / Hanovre, Allemagne, 21 janvier 1992 ).
Né à la Nouvelle-Orléans et élevé dans le même orphelinat que Louis Armstrong, Dupree tente de faire carrière dans la musique et la boxe. Comme chanteur, il est très influencé par Leroy Carr et son jeu de piano fort et précis, avec décrochages rhythmiques, évoque les tripots du Vieux Carré et signale les débuts du style pianistique moderne de la Nouvelle-Orléans. Comme boxeur, « Champion » a une certaine réputation jusqu'à Indianapolis, la ville de Leroy Carr, où un K.O. plus fort que d'habitude le détourne à jamais de ce sport. Il se consacre alors entièrement à la musique, fait équipe avec le guitariste Scrapper Blackwell à la mort de Carr. En 1940, il est enfin remarqué par le label Okeh et enregistre à Chicago une vingtaine de titres dont le sombre Chain gang blues, l'amusant Cabbage greens et l'endiablé Dupree shake dance constituent de petits succès ( dans : New Orleans barrelhouse et boogie « Columbia » et Champion Jack Dupree, 1940-46 « EPM » ). À la mort de sa première femme en 1944, Jack s'installe à New York où il devient une des figures essentielles de la scène du blues. Il enregistre de façon prolifique une œuvre de premier plan en compagnie de Sonny Terry, Brownie Mc Ghee, Sticks Mc Ghee, Mickey Baker, Larry Dale.

En 1953, il travaille avec le label King, un des principaux indépendants basé à Cincinnati. Ses disques sont encore supérieurs. Champion est alors un artiste en pleine possession de ses moyens, un compositeur rusé entouré d'accompagnateurs, encore une fois, de premier plan ( George Smith, Papa Lightfoot, Mickey Baker ). Les succès commerciaux remportés par "Walking the blues", "Stumbling block", "Me and my mule" permettent à Dupree de signer avec le grand label RCA. Il enregistre alors certaines de ses plus belles œuvres. C'est dans ce même esprit qu'il grave au même moment un merveilleux album, "Blues from the gutter" ( Atlantic ). Ce « blues de l'égout » baigne dans une atmosphère d'intense dépression et les vocaux féroces de Dupree sont superbement soulignés par le brillant guitariste Larry Dale.

C'est ce moment que choisit Jack pour s'expatrier en Europe. Là, il mène une carrière tranquille, accumule les albums pour de nombreux labels, souvent routiniers mais aussi parfois très réussis comme The tricks ( Vogue ) dans lequel il retrouve Mickey Baker, venu lui aussi tenter sa chance en Europe.
À l'extrême fin de sa vie, Champion retourne à la Nouvelle-Orléans, triomphe au festival de sa ville natale et enregistre une triade d'albums profonds, graves, émouvants, dernier testament d'un grand bluesman : Back home in New-Orleans ( Bullseye ), For ever & Ever ( Bullseye ), One last time ( Bullseye ).